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Les planches à dessin
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Dérisoire dytique (1/2)
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Dérisoire dytique (2/2)
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Dérisoire

J.-C. Meunier. Les séries de tableaux, les motifs répétés et repris..., la répétition tient une grande place dans votre peinture.

M. Matieu. Elle est un thème essentiel, une constante. C'est une répétition finie, pas un jeu de glace qui nous renverrait à l'infini. C'est la condition humaine. Chaque geste, chaque acte ne sont répétés qu'un nombre fini de fois. C'est aussi un artifice, et dans ''artifice'', il y a "art". Un rappel à l'artifice. C'est aussi une moquerie à l'égard de moi-même. Par la répétition, je me retourne vers moi. C'est le rappel qu'en aucun cas on n'a à se prendre au sérieux. Peindre est un mode de vie. Cela a-t-il plus d'importance que de faire un jardin, planter des poireaux ?

J.-C. M. Dérisoire ? c'est le titre de toute une série de vos tableaux..

M. M. J'ai pris les chutes dans l'atelier, les planches sur lesquelles j'ai dessiné pendant dix-huit ans. Une accumulation, un passé, une couleur. Je me suis aperçu que tout cela s'était fait, tout seul. C'est ce que j'ai essayé de ressaisir. C'était le point de départ.

J.-C. M. Elles étaient devenues autres ?

M. M. Elles ont gagné. Je les ai vues. Avant je les utilisais, maintenant je les vois. Pour finir un tableau, il suffit souvent de le retourner, disait Braque. Le nombre de tableaux que j'ai détruits est important. Si vous n'avez pas le courage de subir l'agression de ce que vous avez fait, vous l'effacez par le travail, précisément parce que vous avez touché quel que chose qui n'est pas forcément visible pour vous, ou trop visible. Un tableau banal n'inquiète pas.

Sur ces planches, quatre personnages se sont introduits. L'un lit le journal, l'autre, assis, se frotte le visage, les deux derniers se déplacent, transversalement, ou en s'enfonçant dans les tableaux. Ces silhouettes sont effleurées. L'image d'un homme est insaisissable. Un fond de dra-perie de couleur, en fait rien. Dérisoire. L'idée du fini. Je veux retourner vers le fini, vers sa violence qui borne arbitrairement les possibilités. Mais quand je dis "dérisoire", je voudrais faire comprendre que ce n'est pas mal vécu. Cela me paraît très positif par rapport à l'idée linéaire de l'histoire.

(Avril 1979)

J.-C. M. Après cet entretien Sartre s'est imposé à Matieu comme l'un des quatre personnages apparaissant sur les tableaux de Dérisoire.